Double suicide
Le numéro du 4 octobre 1906 de l’Ouest-Eclair relate un dramatique fait divers: un double suicide.
Le journal indique qu’un « homme bien mis, paraissant âgé d’une cinquantaine d années, s arrêtait au milieu du Pont de la Belle-Croix et après avoir déposé ses vêtements au pied de la croix de fer monumentale qui orne le pont, se précipitait dans le fleuve. Mme Delire, passant à ce moment assista impuissante à cet acte du malheureux qui, déjà, avait disparu dans le tourbillon que forme autour des arcades du pont le courant très rapide à cet endroit. Elle se mit à crier au secours. Ses appels furent entendus par MM. François Maurice et Tabour qui retirèrent le corps du suicidé de la Loire, après des recherches relativement assez courtes. […] M. Rivoire, commissaire de police du 4è canton, appelé, se transporta sur les lieux et fit les constatations d’usage. Aux papiers trouvés dans les vêtements du défunt, on constata que l’on se trouvait en présence de M. Bécheux, percepteur à Bouaye, ancien chef de cabinet du préfet de la Loire-Inférieure. A peine ce suicide était-il connu qu’on apprenait que la sœur de M. Bécheux, caissière d un journal quotidien de Nantes, s’était noyée aussi elle, quelques heures auparavant, en se jetant dans la Loire à Mauves. […] On apprit encore que M. Bécheux se rendit au bureau du journal où sa sur était caissière, et qu’il apprit brutalement, de la bouche d’un garçon de bureau, le suicide de sa sœur ; comme fou, il s’en alla et quelques instants après se donnait la mort dans les conditions que l’on connaît. Peut-être le suicide de M. Bécheux est-il dû au chagrin qu’il a éprouvé en apprenant la mort tragique de Mlle Marie Bécheux, qu’il affectionnait beaucoup et à laquelle il venait tous les jours rendre visite. »
Une recherche rapide permet de savoir que Jules Joseph Eugène Bécheux est né le 18 mais 1860 à Nantes (il a donc 46 ans lors de son suicide) et sa sœur 3 ans plus tard le 30 septembre 1863. Ils sont les enfants de Joseph Pierre Bécheux et de Eugénie Marie Bréard, tous les deux originaires de Nantes. Notons au passage que Joseph Béchaux est le fils naturel de Marie Bécheux.
Les numéros suivants de l’Ouest-Eclair nous permettent d’avoir des précisions sur cette triste affaire.
Tout d’abord, Marie Bécheux est caissière au journal le « Phare de la Loire » à Nantes.
« Mlle Bécheux avait quitté son bureau mardi matin, vers neuf heures, et n’y avait pas reparu de la journée« . Son corps a été repêché à Thouaré non loin du pont vers 11 heures.
Son frère « avait été pendant de longues années attaché au cabinet des divers préfets qui se sont succédé en Loire-Inférieure et à l’arrivée de M. Roger, il n’avait pas cru devoir accepter l’emploi de chef de division. M. Roger désirant faire occuper par un protégé l’emploi de M. Bécheux, le fit alors nommer percepteur à Bouaye. M. Bécheux ne se plaisait pas dans son nouveau poste, qui ne convenait pas à ses aptitudes. Il avait été très affecté de ce changement de situation«
Le recensement de 1906 à Bouaye montre effectivement que Jules et Marie vivaient au bourg de Bouaye avec leur mère Eugénie âgée de 70 ans. Jules exerce la profession de percepteur des contributions directes.
« Les motifs de ce suicide […] sont d’ordre financier. M. Bécheux avait fait le mois dernier d’importantes pertes, qu’il aurait couvert d’un emprunt fait à la caisse de sa perception. Une inspection ayant eu lieu, M. Becheux sollicita et obtint le concours de sa sœur qui, pour sauver son frère, puisa dans la caisse du « Phare de la Loire » une dizaine de mille francs, que M. Bécheux devait lui restituer avant la fin du mois. M. Bécheux n’ayant pas pu tenir sa promesse à la date fixée, sa sœur, prise de peur, mit fin à ses jours […] et M. Bécheux, apprenant le suicide de sa sœur, et craignant qu’on n’en apprenne la véritable cause, prit le même parti. A la Trésorerie générale, on déclare qu’aucune malversation n’a été relevée dans la caisse de la perception de Bouaye« .
Leur pauvre mère ne vécu pas longtemps après ce drame car elle décédera le 3 juin 1907 à l’hôpital Saint Jacques.
Les noyés du lac de Grandlieu
La presse nationale se fait l’écho d’une triple noyade sur le lac de Grandlieu le 7 janvier 1896.
Mr Gautry, ami du comte de Dion, son neveu Legroux et un garde du comte de Juigné nommé Richard partent à la chasse depuis Passay sur une barque. Comme ils avaient prévu de partir plusieurs jours, personne ne s’inquiête de leur absence jusqu’à ce que leur barque soit retrouvée avec le cadavre d’un des chiens le 17 janvier.
Les recherches vont se poursuivre vainement pendant plusieurs jours jusqu’à ce que les corps soient retrouvés à Saint-Mars-de-Coutais le 14 février.