Le moulin du bourg

Ce moulin se trouve dans le bourg de Saint-Léger-les-vignes. Au XIXesiècle, il était situé au lieu-dit l’Agnauderie. Ce moulin est également appelé le moulin brûlé suite à son incendie en 1930.

Voici ce qui reste du moulin de nos jours:

On peut voir l’emplacement du moulin en haut du plan cadastral de 1826:

Propriétaires successifs.

Le moulin porte le numéro B 1276 au cadastre de Saint-Léger-les-vignes.

Les différents propriétaires ont été:

Date d’acquisition Nom du propriétaire N° folio Acte
Pierre DEBEC 195
vers 1831-1833 Jean DEBEC
Julien DEBEC
427
428
12 octobre 1856 Pierre GUILLOU Adjudication
21 novembre 1856 Pierre CRETIN 733 Acte chez Me de SAINT QUENTIN, notaire à Bouaye
1er avril 1860 Julien LODE Adjudication
26 mai 1862 Pierre AVERTY 898 Signature sous seins privés
17 novembre 1878 Pierre François AVERTY
Aristide AVERTY
898

904

Partage Pierre AVERTY et ses enfants
Vers 1926 Julien DUPONT 13
Vers 1926 Eugène BERTAUD  179

En 1856, la famille DEBEC met le moulin du bourg à vendre par adjudication, sans doute faute de pouvoir s’entendre sur le partage.
Une première adjudication a lieu le 7 septembre 1856 à 2000 francs de mise à prix (2400 francs avec les taxes). « Trois bougies successivement allumées ont brûlé et se sont éteintes sans donner lieu à enchère, en conséquence l’adjudication n’a pas été prononcée. En conséquence, les demandeurs auront à se pourvoir devant le tribunal pour faire baisser la mise à prix« .

Ainsi a lieu le 12 octobre 1856 la deuxième adjudication pour la vente du « moulin à vent nommé le moulin de l’Agnauderie ou du Bourg, situé à peu de distance du Bourg de St Léger sur le bord de la grande route de Nantes à Machecoul, son cerne, le câble, la barre de fer, les poids et balances, les toiles et généralement toutes ses appartenances et dépendances, outils et ustensiles« .

Les DEBEC précisent la liste des objets vendus avec le moulin: « la masse, des balances ayant fléaux de fer, plateaux en bois attachés par des cordes, deux poids en fonte de fer de vingt kilogrammes, un poids de cinq kilogrammes, un poids de deux kilogrammes, un poids de kilogrammes et un poids d’un demi kilogrammes, les verrons, une mesure de un décalitre, un quarteau et une grelle« .

La mise à prix de cette deuxième adjudication est de 1000 francs. « Mr MINATTE a porté une enchère de 10 francs; le sieur Jean DEBEC a enchéri à 1100 francs. Pendant la durée du second feu, Mr MINATTE a enchéri à 1200 francs. Le sieur GUILLOU à 1320 francs« . Plusieurs enchères sont portées par ces différentes personnes jusqu’à ce que Pierre GUILLOU remporte l’enchère pour 2000 francs. Pierre GUILLOU était alors meunier au haut moulin à St-Léger-les-vignes (l’actuelle mairie).

Le 19 novembre 1856 les époux CRETIN empruntent 3000 francs à Julien LODE, boulanger à Nantes, pour acheter le moulin et s’obligent à rembourser Julien LODE un an plus tard.
Dans l’acte d’achat des époux CRETIN, il est précisé qu’ils devront souscrire à une police d’assurance contre l’incendie, précaution prémonitoire pour un moulin qu’on appellera plus tard le moulin brûlé…
Pierre CRETIN achète le moulin pour 2860 francs ce qui permet à Pierre GUILLOU de faire une plus-value de 300 francs en 1 mois et de rembourser les DEBEC rapidement.

Malheureusement, faute de pouvoir rembourser la somme empruntée à Julien LODE, Pierre CRETIN doit mettre le moulin en adjudication en 1860 pour rembourser ses dettes.
Julien LODE gagne cette adjudication pour la somme de 2720 francs. Les époux CRETIN lui devant encore 1000 francs, il ne paye finalement que 1720 francs.

Julien LODE revendra le moulin 2 ans plus tard pour 2500 francs à Pierre AVERTY qui demeurait alors au moulin des Couëtis.

L’inventaire AVERTY.

La femme de Pierre AVERTY, Marie QUILLAUD, décède le 2 juin 1878. Ayant 2 enfants encore mineurs, Julien et Théodore, un inventaire est effectué le 30 juillet 1878 afin que ces 2 enfants ne soient pas lésés lors du partage. Leur tuteur, Léon QUILLAUD qui a été nommé le 28 juin 1878, est présent lors de l’inventaire.
Cet inventaire permet de connaître très précisément le contenu de la maison AVERTY. Me HOMERY, notaire à Bouaye, procède à la « description exacte de tous les meubles meublants [sic], objets mobiliers, argent comptant, titres papiers et renseignements quelconques […] dans la maison du sieur AVERTY sise au bourg de St Léger et dans laquelle la dame AVERTY est décédée« .

« Dans une chambre au rez de chaussée de la maison habitée par les époux AVERTY »:

Un feu composé de pelle, pince, crémaillère, soufflets, triangle, trépieds 5,50 francs
Une lanterne, une lampe, un chandelier, un fer à repasser 2
Un lit en bois de noyer, forme bateau, dans l’intérieur une couette, une paillasse, deux oreillers, un traversin, deux draps, couverture en laine verte […] 150
Un autre lit forme bateau en bois de châtaignier. Dans l’intérieur une couette, un traversin, une couverture en laine verte, deux draps, rideaux, oreiller 120
Une huche en bois de frêne à quatre pieds, deux tiroirs boucles en cuivre 12
Une armoire en noyer à deux battants fiches en cuivre 75
Une autre armoire en noyer 36
Un buffet vaisselier à deux battants, fiches en cuivre, deux tiroirs et deux battants en bois de noyer 25
Dans le râtelier du buffet, 23 assiettes à fleurs, 24 assiettes faïence blanche et plusieurs plats 6
6 bouteilles 0,75
Une pendule comtoise 20
6 chaises 2,50
Une petite table bureau en bois de cerisier 12
Une petite glace 0,40

« Dans une autre chambre au sud de la précédente avec laquelle elle communique par une porte au sud« :

Un lit forme bateau en bois blanc, rideaux en coton rouge, couette, couverture, 2 draps, 2 oreillers 70 francs
Un autre lit forme bateau en bois blanc, couette, draps, couverture 60
Une armoire vitrée 5
Un haut de buffet sculpté en chêne, en mauvais état 5
Une table en sapin 4
Une glace 2
Une autre glace 0,50
Dans l’armoire sculptée, 20 draps en fil d’étoupe bons et mauvais 60
8 nappes 8
4 napperons 4
Garde robe de la défunte composée de différents vêtements, linges et objets à son usage personnel 50
Garde robe [de Pierre AVERTY] composée de différents vêtements, linges et objets à son usage personnel 50

« Dans un cellier au dessous des chambres ci-dessus désignées« :

34 barriques vides 160 francs
4 doubles barriques 24
4 ??? 6
Un banc de tonnelier 2

« Dans un magasin à la suite« :

25 pots à lait 2,50
Un coffre 2
25 barriques vides et 2 ??? 137
Un entonnoir 0,50
Une faulx et sa forge 5
20 bouteilles vides 4
Un ??? avec des harnais 150
Une brouette, une civière, un banc 2,50
Un lot de ??? 6
Différents outils dont 2 pelles, 2 bêches, 2 bêchons 12
Un chaudron en cuivre, 2 autres en fonte 6
2 ??? 6

« Sous un hangar« :

un lot de bâches 12 francs
Une petite charrue à faire les vignes 20
Une charrette avec ses accessoires 100
Une brouette 1,50
2 selles 1

« Dans l’écurie« :

Une vache 300 francs
Un vieux cheval 150
Un autre cheval, poil alzan 560
7 mètres de fumier 42
Une cariole à ressort avec ses harnais 200
3 planches en chêne 5

Ce qui fait un total de 2702 francs et 65 centimes. « Il a été vaqué à tout ce que dessus depuis neuf heures du matin jusqu’à midi par simple vacation et la vacation pour continuer le présent inventaire a été remise à une époque qui sera fixée ultérieurement« .

Effectivement, le 4 novembre 1878 l’inventaire continue avec les différents papiers que possède la famille. En particulier, il est fait la liste des créances, en séparant celles qui sont sûres (3384 francs) et celles qui sont douteuses (1857 francs). Pierre AVERTY déclare également posséder 100 francs en argent comptant. Enfin, le notaire énumère les différents actes notariés, source toujours précieuse pour les généalogistes…

Peu de temps après cet inventaire, un acte est fait le 17 novembre 1878 qui partage le moulin ainsi que la maison et les biens décrits ci-dessus entre Pierre le père, Pierre son fils et François AVERTY. Les autres enfants hériteront de vignes et de marais.
Vers 1886, Pierre construit une remise et un magasin sur la parcelle du moulin.

Le moulin brûle le 20 juin 1930 ce qui signe l’arrêt de son exploitation.