Mon arrière grand-père, François Guilbaudeau a eu une activité importante sur la commune de Bouaye. Voici son portrait en quelques mots.
Généalogie.
François, qui préférait le prénom de Francis, est le fils de François Jean Marie GUILBAUDEAU et Louise Marie CHESNEAU. Il est né le 2 février 1869 et était l’ainé de 4 garçons mais seul son frère Ferdinand atteindra la majorité. Il se marie le 14 avril 1899 avec Henriette Joséphine Philomène RICHARDEAU. Ils auront 4 enfants:
- un premier enfant mort né en 1902.
- un premier fils Francis né en 1904.
- un deuxième fils Henri, mon grand-père, né en 1908.
- une fille Henriette Marie-Thérèse née en 1912 (mieux connue par les élèves du collège Saint Hermeland sous le surnom de « trottinette »).
Notons que François rompt avec une tradition familiale qui durait depuis 1766 qui voulait que:
- un des fils de la famille, souvent l’ainé, s’appelait François.
- il était maçon.
Cette tradition a été maintenue sur 5 générations entre 1766 et 1869. François va donc appeler son ainé Francis plutôt que François. Comme on ne peut pas tout changer d’un seul coup, son fils a bien été maçon! En fait ses 2 fils, Francis et Henri, seront maçons et géreront ensemble une entreprise de maçonnerie. Voici une facture de leur entreprise datant de 1939:
Me d’HUITEAU ayant été notaire à Bouaye de 1940 à 1951 on peut penser que cette facture correspond à des frais d’installation de la nouvelle étude.
Au passage, un article tiré du journal Ouest Eclair du 22 août 1935 qui fait référence à l’entreprise de ses fils.
De nos jours, il faudrait consacrer des journaux entiers pour relater ce genre d’accident…
On trouve dans le journal le « Travailleur de l’Ouest », l’organe de la S.F.I.O, du 5 mars 1937 une attaque non dénuée d’arrière pensée politique: « Est-il vrai que M. Guilbaudeau entrepreneur de maçonnerie et Président local du P.S.F. oblige ses ouvriers à faire 54 heures par semaine… et qu’il les paie 3 fr 50 de l’heure ? ».
Pompier.
En 1890, François commence son service militaire au régiment des Sapeurs Pompiers de Paris. A cette époque, le service durait 3 ans. Il est promu au grade de Caporal de 1ère classe le 5 avril 1893.
Il a suivi une formation qui est disponible dans son cahier d’instruction technique (avec les gribouillages d’un de ses enfant en prime…) : 1891 – Francis Guilbaudeau – cahier d instruction technique pompier
Comme il le raconte dans un article de journal, « à ma démobilisation, le capitaine m’a dit: vous êtes le seul de la compagnie à ne pas avoir de punition. Reprenez un engagement… Restez« . Il décide pourtant de rentrer à Bouaye pour aider son père dans l’entreprise de maçonnerie.
La guerre 14-18.
Comme l’indique le registre matricule ci-dessus, il n’en a pas tout fait fini avec l’armée. En effet, il est rappelé sous les drapeaux pendant la guerre 14-18 alors qu’il est âgé de 46 ans. Le registre indique qu’il a été:
- en campagne contre l’Allemagne du 15 avril 1915 au 14 novembre 1915.
- détaché maison Barit à Paimboeuf du 14 novembre 1915 au 30 mars 1917.
- détaché agricole catégorie A à Bouaye à partir du 10 mars 1917.
Voici une photo prise pendant qu’il était au 81ème régiment d’infanterie territorial (il se trouve au premier rang, le quatrième en partant de la droite):
Dans une lettre, il raconte comment a été prise cette photo: « un dimanche étant à Dieppe, des marins nous ont engagé à boire un coup avec eux et ensuite fait photographier dans le jardin de la mairie en compagnie de fantassin, zouave puis nous ont envoyé une carte. Nous somme quatre de notre poste. Je suis sur le bout du ban [sic] mal à l’aise, figure ennuyée. Sur la photographie avec François, je fais une grimace. Nous avons l’air de deux gros marchands de cochons. Ce matin avant qu’il prenne le train, nous nous sommes pesés à la gare; François pèse 81 kilos et moi 83 kilos. Je croyais qu’il était plus lourd que moi« .
Les régiments d’infanterie territoriale étaient constitués d’hommes qui avaient entre 35 et 45 ans en 1914. Leur tâche était de s’occuper de la police des lignes frontières, de la défense des forts et autres lieux stratégiques. Mon père se souvient que François était garde-barrière à un passage à niveau. On peut voir sur le site spécialisé sur la guerre 14-18 les différentes affectations du 81ème RIT. Egalement sur le même site, les carnets d’Ernest BENOIST qui permettent de se rendre compte du quotidien de ces hommes ainsi que quelques photos de ce régiment.
Création du corps des sapeurs pompiers.
Cependant, François n’a pas tout à fait renoncé aux pompiers. En 1923, alors qu’il est adjoint au maire, à Bouaye il va être à l’origine de la création d’une division de Sapeurs Pompiers à Bouaye. Le 17 juin 1923 une délibération est votée et le projet est accepté par le préfet fin 1923. L’effectif est alors de 15 hommes:
- Joseph LUSTEAU, sous-lieutenant
- Marcel GENDRE, sergent-major
- Jean MARY, sergent
- Georges BUAUD, sergent
- François GODEAU, caporal
- Pierre SEJOURNE, caporal
- Georges MARAIS, tambour
- Auguste PACAUD, clairon
- Georges BROSSAUD, clairon
- Henri BABONNEAU, clairon
- Félix BERTET, sapeur
- Jean MONNEREAU, sapeur
- René MARAIS, sapeur
- Gustave GALLAIS, sapeur
- Gabriel LAMBOURG, sapeur
Le 5 mai 1912, François se présente une première fois à l’élection municipale. Il ne va recueillir que 15 voix sur 329 bulletins et il est 15ème sur 19 candidats. Il ne va donc pas être élu pour sa première tentative.
Le 3 mai 1925, les choses vont mieux: il a 241 voix sur 364 votes exprimés, soit le candidat ayant le plus de voix. Il est donc réélu au 1er tour et va être également réélu adjoint avec 10 voix sur 12.
François va ensuite devenir maire de Bouaye entre 1935 et 1947 et donc en particulier pendant la deuxième guerre mondiale, période particulièrement difficile pour être maire…
En souvenir de son action, la mairie de Bouaye vote au conseil municipal du 10 juillet 2008 la dénomination du nouveau parking en tant que place François GUILBAUDEAU. Au début, la mairie voulait nommer cette place Francis, son prénom d’usage, mais après vérification la place a été baptisée François, son prénom tel qu’il apparait dans l’état civil. La place est située sur l’emplacement de l’ancien chantier de l’entreprise de maçonnerie de ses fils et à proximité de plusieurs maisons de la famille GUILBAUDEAU.
Le samedi 7 novembre 2009 la mairie organise l’inauguration de la place à l’occasion de la Sainte Barbe.
Voici quelques photos de la cérémonie:
La brigade des pompiers de Bouaye:
La fanfare de Pont-Saint-Martin:
Une pompe à incendie d’époque (fonctionnement à l’huile de coude…):
Les différents camions de pompiers selon les époques:
Jacques GARREAU, maire de Bouaye, inaugurant la place en présence de mes parents:
La sirène des pompiers de l’époque (également à l’huile de coude):
Différents ustensiles de l’époque (en particulier le casque identique à celui de la photo de François en pompier en haut de la page):
Enfin, la tenue des pompiers de l’époque:
L’hommage.
Le journal Ouest France lui consacre un article début janvier 1959, moins d’un an avant son décès. Cet article permet d’en savoir un peu plus sur sa vie:
Le 15 janvier 1960, François décède à l’age de 90 ans. Voici un hommage paru dans un journal local: