Le Butay

Le village du Butay se trouve à Saint-Mars-de-Coutais. Comme son nom l’indique, il se situe sur une butte qui surplombe la rivière l’Acheneau. A proximité se trouvait le moulin des Couëtis. Le plan cadastral de 1837 montre la configuration du village à cette date:

On peut voir en rouge les constructions: en bas, les 3 maisons et au-dessus un abreuvoir (n° 169) juste à côté de l’étang (n° 170) qui existe encore de nos jours. On peut aussi noter que la route qui mène à la Mulonnaie ne se trouve pas au même endroit que de nos jours.

Voici la maison principale en 2011:

Ainsi que l’étang:

Voici une reproduction d’une carte postale à une date inconnue:

Ainsi qu’une vue du principal corps de bâtiment:

On voit sur cette photo datant des années 1930 Félicité AVERTY, femme de Charles CHENAIS et Marthe JALLOT, née GALLAIS ainsi que la voiture de JALLOT.
On peut également voir derrière la maison le sapin qui était visible à plusieurs kilomètres aux alentours.

Tout près du confluent du Tenu, sur l’Acheneau, des travaux ont été effectués en 1838 sur un haut fond  appelé « grève du Butay ». Durant ces travaux de 15 à 20000 pièces de monnaies du règne de Tibère furent découvertes.

Propriétaires successifs.

Les différentes maisons du village sont regroupées sous le numéro de cadastre A 198.

Les différents propriétaires ont été:

Date d’acquisition Nom du propriétaire N° folio Acte
François René CHAUVIN
22 décembre 1751 Jacques GUILLON de BEAUREGARD Partage collatéral
???
René Pierre GUYOT
Après le décès de René Pierre GUYOT le 14 messidor an II Julienne Renée GUYOT des MARMANDES Partage collatéral
20 septembre 1837 Alexandre Julien BOULONNAIS de SAINT-SIMON 924 Succession
30 décembre 1862 3 propriétaires:
– Médard BLANCHARD
– Pierre GUILLOU
– Constant PERTHUY
1253
1548
1032
Actes chez Me MINATTE
22 décembre 1896 Jules OLLIVE 1925 Donation-partage
2 mai 1919 Charles CHENAIS Echange

On peut noter qu’au cadastre il est indiqué que la maison a été démolie en 1854. Ceci est sans doute à rapprocher d’un incendie rapporté par la mémoire familiale. La maison a pu donc être partiellement reconstruire à cette date.

La maison du Butay a été la propriété de la famille CHAUVIN, qui possédait le titre de seigneur des Couëtis, jusqu’à la mort de François René CHAUVIN. Etant célibataire, la maison passe ensuite à Jacques GUILLON de BEAUREGARD, mari de Bonne LUCAS. Au décès de celle-ci, ses biens sont partagés entre la famille GUYOT et la famille LUCAS de la CHAMPIONNIERE. Pierre LUCAS de la CHAMPIONNIERE combattra aux côtés de CHARETTE pendant la révolution et sa mère et ses 2 sœurs seront contraintes de se cacher dans la chapelle des Couëtis, proche du Butay.

René Pierre GUYOT va être emprisonné à la révolution avec sa femme, Gabrielle Michelle Amable de LANGLAIS, dans les prisons de Nantes. Il est transféré de la prison de Ste Claire à celle des frères ignorantins le 15 germinal an II (4 avril 1794) sous le nom de René DUBUTE. On notera qu’il était la personne à Saint-Mars-de-Coutais qui payait la plus forte somme sur le rôle de capitation: 43 livres, la 2ème personne la plus imposée payant 27 livres. René GUYOT figure sur la liste « des brigands qui ont commencé l’insurrection à Machecoul le 11 mars [1793] et qui continuent à marcher avec les brigands« . Il est indiqué qu’il est « instigateur des brigands » et qu’il possède 3 fusils. Ils vont tous les deux décéder en prison: elle le 5 pluviôse an II à la maison d’arrêt de Nantes et lui le 14 messidor an II (2 juillet 1794). Dans un premier temps, l’acte de décès mentionnera comme nom René DUBUTE avant d’être rectifié en René Pierre GUYOT comme on peut le voir sur cet extrait:

Moins d’une semaine avant de décéder, René Pierre GUYOT écrit une lettre de protestation dans laquelle il indique qu’il est « détenu depuis plus de 6 mois sans connaître la cause de ma détention et sans avoir été interrogé. […] Je suis infirme et grabataire depuis plus de 12 ans et que dans ce moment même je suis pour cause de maladie à l’hôpital révolutionnaire des frères ignorantins« . La lettre est signée Guyot dit Butay. Un officier de santé indique qu’il est âgé de 72 ans et qu’il est « attaqué de la goutte et de coliques violentes« .

Sa nièce, Julienne Renée GUYOT des MARMANDES héritera alors du Butay. Elle était mariée avec Aimé Anne Médard BOULONNAIS de SAINT-SIMON qui a été maire de Saint-Mars-de-Coutais de 1807 à sa mort en 1825. Leur fils Alexandre héritera à son tour du Butay avant de le vendre, comme la plupart de ses biens à Saint-Mars-de-Coutais, en 1862.

Le recensement nous montre qu’en 1851 et en 1856 la maison du Butay est occupée par Alfred d’ARONDEL, marié à Mathilde de SAINT-SIMON. Cette dernière est la fille de Alexandre Julien BOULONNAIS de SAINT-SIMON. Pas moins de 7 domestiques sont à leurs services en 1851! Alfred d’ARONDEL est décédé à Nantes le 8 avril 1859. Ceci explique sans doute que sa femme n’est plus présente au Butay en 1861 et également la volonté de son père de vendre en 1862.

En 1862, le village sera partagé en 3 parties correspondant aux 3 maisons. Constant PERTHUY va au fil des années racheter la totalité du village et ce bien va devenir la propriété de Mélanie PERTHUY, sa fille, mariée avec Jules OLLIVE.

Finalement, Mélanie PERTHUY va procéder a un échange avec Charles CHENAIS et sa femme Félicité AVERTY. Cet échange parait étrange car peu intéressant pour Mélanie PERTHUY: la totalité du village du Butay avec ses vignes et autres terres est échangé contre un ensemble de terres, vignes et une maison répartis sur les communes de Bouaye, Saint-Aignan-de-Grandlieu et Pont-Saint-Martin.

Description du village.

Lorsque Alexandre BOULONNAIS de SAINT-SIMON vend le Butay, le village se présente de la manière suivante:

  • maison achetée par BLANCHARD:
    Une maison composée de 3 chambres occupée autrefois par les époux GIRAUDET.
    A l’est, une planche de terrain servant de jardin de la même largeur que la maison.
    A l’ouest, une cour et un mulonnier.
  • maison achetée par GUILLOU:
    La maison de maître, composée de plusieurs chambres au rez-de-chaussé, 1er étage, grenier.
    Au nord, une chambre servant d’écurie, une autre chambre servant autrefois de chapelle.
    Tout le jardin derrière les dits logements s’étendant du côté vers midi à partir du pignon de la maison à aller rejoindre en droite ligne vers le levant la pièce des Clons vendue à PERTHUY.
    Vers le nord jusqu’à la pièce des chèvres, mur privatif et le chemin de la Mulonnaie.
    Terrain devant les dits logements servant de mulonnier avec large douve.
  • maison achetée par PERTHUY:
    Un grand corps de bâtiment consistant en une chambre servant de magasin de pressoir, une autre chambre à la suite servant de cellier, une autre chambre servant de décharge, deux autres petites chambres à la suite vers midi, la dernière surmontée d’un pigeonnier.

Ce partage en 3 lots séparés va rester jusqu’à nos jours.

Rente.

Une rente a été constituée par René François CHAUVIN le 29 novembre 1758. Elle consiste 80 boisseaux de blé seigle et 60 sols tournois de rente. Le sieur CHAUVIN s’oblige à payer cela chaque année à la fête de saint Michel. Cette rente sert à donner du pain aux pauvres enfants nécessiteux de la paroisse qui assisteront au catéchisme de la Toussaint à leur première communion. Pour garantir cette rente, le sieur CHAUVIN hypothèque sa métairie noble de la Mulonnaie.

Alexandre BOULONNAIS de SAINT-SIMON, en tant que propriétaire de la Mulonnaie, se doit d’honorer cette rente tous les ans. La rente suit les différents propriétaires jusqu’à ce que Constant PERTHUY ait racheté la totalité du Butay. Ne voulant plus payer la rente, il propose le remboursement de celle-ci. Une bataille s’engage alors pour déterminer le montant devant être versé pour clore cette affaire. Malheureusement, il n’a pas été possible d’avoir le fin mot de cette histoire mais il n’est plus question de cette rente lorsque Mélanie PERTHUY vend le Butay à Charles CHENAIS.