Avant la révolution, le moulin est un bien d’équipement collectif mis à la disposition des habitants par le seigneur. Il s’agit à la fois d’un enjeu économique et politique.
Le moulin est un endroit où les hommes se retrouvent et discutent en attendant que leur blé soit moulu. Le va-et-vient incessant est à l’origine de l’expression « entrer comme dans un moulin ».
Le meunier est un homme puissant et influent mais volontiers soupçonné de chercher à voler ses clients en gardant plus de farine qu’il ne devrait. Par exemple dans « meuniers et moulins du temps jadis » un meunier du Gers avoue qu’un « dispositif ingénieux permettait à une certaine quantité de farine d’être recueillie clandestinement dans une caisse à double fond« .
Alphonse Daudet dans la nouvelle « le curé de Cucugnan » du livre « les lettres de mon moulin » illustre bien cela:
« Demain lundi, je confesserai les vieux et les vieilles. Ce n’est rien.
Mardi, les enfants. J’aurai bientôt fait.
Mercredi, les garçons et les filles. Cela pourra être long.
Jeudi, les hommes. Nous couperont court.
Vendredi, les femmes. Je dirai: Pas d’histoires!
Samedi, le meunier!… Ce n’est pas trop d’un jour pour lui tout seul!… »
Egalement dans le conte picard suivant:
« Le jour de l’Ascension, le Christ se dirige vers le moulin à vent et gravit les échelons des ailes.
« Où allez-vous? » lui demande le meunier.
« Je vais au ciel », dit Jésus.
« Dans ce cas, attendez-moi donc, je viens avec vous » lui répondit le meunier.
« Non, non » dit le Christ, « je vole en haut, toi, vole en bas« .
Les mariages entre familles de meuniers sont monnaie courante. Il en résulte de véritables dynasties de meuniers qui se succèdent dans certains moulins et se partagent généralement la plupart de ceux de la région.
Une histoire de famille.
La famille AVERTY a exploité plusieurs moulins dans la région nantaise. En particulier, le moulin des Couëtis à Saint-Mars-de-Coutais, le moulin du bourg à Saint-Léger-les-vignes ainsi que le moulin des terres Quartières à Bouaye.
A vous de trouver le logo sur la carte suivante (il y en a 3!):
Pierre AVERTY, meunier à Saint-Léger-les-vignes, a acquit en 1889 le moulin des Couëtis. Que Pierre se porte acquéreur n’est pas le fruit du hasard, il s’agit en fait d’une histoire de famille!
Son père, François AVERTY, était également meunier. Avant d’acheter le moulin des terres Quartières à Bouaye, il a fait tourné le moulin des Couëtis au moins entre 1832 et 1861. Plusieurs de ses enfants ont été élevé à la Mulonnaie et certains y sont nés. Pierre achète en quelque sorte le moulin de son enfance…
Comme souvent dans les familles de meuniers, on peut noter que ce métier se transmettait de père en fils et que les filles se mariaient avec d’autres meuniers:
- François AVERTY a été meunier au moulin des Couëtis avant d’acheter et de faire tourner le moulin des terres Quartières.
- Pierre, son fils ainé, a été meunier au moulin du bourg à Saint-Léger-les-vignes et a acheté le moulin des Couëtis.
- Pierre AVERTY est marié à Marie-Rose QUILLAUD, sœur de Anne qui est mariée à François MASSON, également meunier au moulin des Couëtis.
- Julien, autre fils de François AVERTY, a hérité du moulin des terres Quartières, son frère Pierre lui ayant cédé sa part d’héritage sur ce moulin.
Le fils de François, Auguste MASSON, a également été meunier au moulin des Couëtis. - Auguste MASSON a possédé le haut moulin à Saint-Léger-les-vignes entres 1874 et 1876.
Soit pas moins de 5 meuniers pour 3 moulins.